jeudi 8 décembre 2011

Rückmeldung Reise nach Rothenburg 6




Touristes japonais à Rothenburg

Les élèves ont tous été frappés par la forte présence des touristes japonais à « Rotenburuku » et du même coup, ils ont été confrontés à la différence socioculturelle, l’une des compétences du socle commun que nous avions l’intention d’évaluer. Les Japonais nous ont finalement bien aidés dans notre tâche puisque le mot « japonais » est devenu un leitmotiv dans les discussions, y compris dans les réactions de notre guide l’après-midi, gênée par le bruit d’un guide parlant fort, mais aussi par les déplacements des colonnes interminables de photographes amateurs frénétiques rattrapant le peloton à la queue leu leu.

Il est vrai que la première réaction moqueuse de certains élèves du groupe français est due à l’effet de surprise. Vu les conditions climatiques du séjour, nous étions quasiment les seuls touristes avec les groupes japonais (des adultes en fait). Dans l’auberge de jeunesse, il y avait également un gros groupe de jeunes adultes japonais à l’étage du dessus. Très rapidement, des élèves ont fait part de leur surprise de voir les traductions en japonais dans les vitrines du musée de la torture (Allemand, anglais, japonais), mais aussi dans les magasins courants. Contrairement aux grandes métropoles touristiques où les multiples communautés se côtoient et se mélangent, ici dans une si petite ville médiévale en rase campagne, les Japonais attirent l’attention par leur domination numérique. Nombreux furent les élèves qui se demandèrent pourquoi ils viennent si nombreux dans cette ancienne cité impériale en plein mois de décembre.

En réalité, s’ils étaient venus 10 ans plus tôt, ils en auraient vu encore plus. C’est en l’an 2000 que le pic des visiteurs nippons a atteint son point culminant : plus de 200 000 Japonais sont venus à Rothenburg. En 2009, ils représentaient encore 12% de tous les visiteurs. Depuis, la tendance vers la baisse s’accentue : en 2010, 110 000 visiteurs japonais sont venus à Rothenburg (soit 10 fois la population de la ville), ce qui représente 560 000 nuitées dans les hôtels et auberges. Les responsables du tourisme local craignent une chute des visiteurs japonais à cause des récentes catastrophes qu’a connues ce pays. Cela dit, ils soulignent que le gros des touristes nippons vient des régions non touchées par le tsunami comme Nagona ou Osaka. Le nombre devrait donc se stabiliser. Sachant que Rothenburg est une toute petite ville pour les Allemands, on ne peut, en effet, que s’étonner du fait qu’elle accueille l’équivalent du tiers des visiteurs japonais de la ville de Paris des années 2000.

Il y a plusieurs explications avancées. La première est d’ordre culturel. Les Japonais sont très attirés par le romantisme allemand et l’image idéalisée du moyen âge impérial. C’est déjà à l’époque d’occupation napoléonienne que l’image romantique de Rothenburg s’installe. Des peintres romantiques comme Carl Spitzweg contribuent à lui donner ce cachet idéalisé de ville modèle des temps anciens chers aux romantiques. Des lois sont votées dès le XIXème siècle pour empêcher qu’on touche au bâti au sein même de la ville. La modernisation se fera à l’extérieur des enceintes. De la même manière que les Français se focalisent sur les samouraïs, de la même manière les Japonais s’émerveillent devant l’architecture civile et militaire des cités médiévales germaniques avec pour fond culturel le modèle chevaleresque et courtois qu’ils retrouvent en masse dans leur pays dans les jeux vidéo ou les BD. De même, le fait que le domaine des jeux des Japonais passent souvent par les représentations de l’Europe propre aux Américains, le caractère romantique de l’Allemagne médiévale à l’image des contes de Grimm s’en trouve renforcé.

La deuxième explication est économique : les Japonais fonctionnent par circuits et par le bouche à oreille. Les tours opérateurs repèrent les sites de renom, se rendent sur place et voient si les responsables locaux sont prêts pour accueillir une population à laquelle ils doivent s’adapter un minimum. Dès qu’un site a montré sa capacité d’accueil et sa bonne volonté, il entre dans les sites incontournables des circuits. Le nom du site entre dans la catégorie prisée des lieux internationaux dont le nom évoque quelque chose au Japonais moyen par effet de mimétisme et de répétition.

La troisième explication est d’ordre sentimental et historique : les Japonais sont notoirement attirés par ce qui est authentique, visible et identifiable. Leur programme étant chargé, on élimine les sites de second rang : s’ils recherchent une ville médiévale, autant qu’elle soit la plus proche possible du passé. Les Allemands, contrairement aux Français dans le domaine de l’archéologie, préfèrent la tendance de la reconstruction des sites quitte à légèrement modifier l’aspect initial par manque de preuve ou de source. Mais le Japonais comme l’Allemand se sentent plus à l’aise avec un site qu’on peut visualiser. Quelques amas de pierres de taille sur le sol n’attirera pas autant les foules qu’une reconstruction aussi fidèle que possible. L’avantage de Rothenburg est qu’elle n’a pas été détruite et que les sources écrites sont très nombreuses. L’authenticité est acquise.

NB : le mot en caractères japonais est le nom Rotenburuku (Rothenburg)

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